Néoruraux depuis 1 an, retour d’expérience

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1 an que nous sommes des néoruraux

1 an que nous avons quitté la vie urbaine lyonnaise pour la vie rurale (et bien rurale) du Forez dans la Loire.

Un choix audacieux.

Une intuition écoutée.

Un pari relevé.

J’ai décidé de vous raconter mon histoire, notre nouvelle vie de néoruraux. L’idée est de l’écrire comme une source d’inspiration pour toutes celles et ceux qui se posent des questions sur leur lieu de vie. Mais aussi pour tous ceux qui vivent déjà en campagne et qui se reconnaitront alors. Et puis pour tous les amoureux et inconditionnels de la ville, curieux de ce qui peut se passer ailleurs.

C’est surtout aussi l’histoire d’un changement, un grand. En tant que facilitatrice du changement, j’aime prendre du recul sur la manière dont je l’ai opéré. J’ai corrélé mon évolution avec les différents stades de la courbe du changement écologique que je vous présente dans le guide gratuit «Pourquoi les gens ne changent pas alors qu’ils savent» disponible en page d’accueil de mon site.

Premiers goûts

Je me souviens encore de notre arrivée et des premières semaines dans ce tout petit village d’une centaine d’habitants avec 1 relai postal, 1 dépôt de pain et 1 bar associatif tenu à bout de bras par les habitants. Je n’ai jamais parlé à autant de monde autour de chez moi en 2 semaines qu’en 8 ans à Lyon. Ici on se dit bonjour dans la rue et on prend des nouvelles. Je ne sais pas vous mais, quand j’étais à Lyon, je me refermais comme une huitre à toutes sollicitations extérieures non prévues ou inconnues. La sur-sollicitation en bruit, et l’afflux de personnes de manière constante ne laissaient guère de place à quelconque discussion de trottoirs. J’ai encore le souvenir à la naissance de mon fils de toutes ces dames qui venaient me faire la causette émerveillées par sa bouille. Je n’avais qu’une envie c’était de leur dire « laissez-moi tranquille ». Anti-sociale ? Dans ces conditions, je vous avoue que oui. C’est pourtant loin de me caractériser. Je réalise que pour moi, quand il y a trop de sollicitation extérieures et permanentes, je me repli dans ma bulle. A l’inverse, quand j’ai le champ et l’espace, le calme, la nature, ma bulle s’ouvre. A méditer pour créer du lien social en ville.

Flash back

Partir vivre à la campagne, c’était loin d’être une évidence au départ.

Stade de la contemplation « oui mais non »

Quitter le cdi de mon conjoint à qui on offrait une évolution de poste, redémarrer mon activité entrepreneuriale après mon congé maternité (et dont le dynamisme lyonnais était d’une belle aide), veiller à être toujours en cohérence avec nos valeurs écologiques et notamment l’usage limitée de la voiture, ne connaitre personne sur place, trouver un nouveau logement, un mode de garde etc. etc.  plus la pandémie qui s’est rajoutée là-dessus !

Tout sur le papier nous poussait à rester à Lyon dans notre confort et que ce n’était pas le bon moment.

Sauf que le papier ne vaut rien ne face à l’intuition et l’élan du cœur,

Cela faisait quelques années que je me plaignais de l’environnement lyonnais, la pollution, la chaleur étouffante l’été, le manque de nature, le bruit etc. C’est simple quand je devenais irascible c’est que ma jauge de nature était à sec. Alors on partait faire le plein de vert le weekend. Quand on revenait et qu’on entrait sur les abords de Lyon et que je voyais cette masse grisâtre mon cœur se serrait. Et puis la vie reprenait son cours.

Toutefois je remarquais que ce manque de nature affectait mon travail en filigrane et l’intention que je lui portais. Dès que l’on me parlait d’effondrement de la biodiversité et de sécheresse, j’étais très affectée (en hypersensible que je suis). Cela provoquait chez moi un grand sentiment d’insécurité pour moi, mon fils à venir. Mon intention de catalyser le changement était alors tintée inconsciemment  de « Vous autres ! Changez ! pour que je me sente en sécurité ».  

J’ai appris, grâce à ma formatrice Lara Mang Joubert de Changement Vivant et sa précieuse écoute, à me centrer dans le moment présent et à me demander ce que je pouvais mettre en place pour répondre à ce besoin de sécurité, maintenant. L’idée étant de ne pas porter la charge sur les autres pour répondre à mes propres besoins.

C’est tellement important lorsque l’on est acteur en promotion de l’écologie (voir l’article sur la posture de facilitateur du changement).

Passage du stade de la contemplation à la préparation

J’ai alors identifié que mon environnement me renvoyait à cette insécurité en permanence. Je me sentais dépendante de tout pour m’alimenter ne pouvant et ne sachant pas faire grand-chose de mes 10 doigts. Je vivais dans un milieu artificialisé, bétonné, régulièrement toxique (pollution, bruit) et étouffant l’été.  

Les canicules de juin et juillet 2019 couplées à la fin de grossesse et naissance de mon fils a fini d’achever la prise de conscience. Ce fut une période traumatisante physiquement et moralement.

La vie m’a donné un merveilleux cadeau bien mal emballé comme on dit. Il m’aura permis de prendre la décision ferme de partir : « plus jamais ça, par la porte ou par la fenêtre je ne repasse pas l’été prochain à Lyon » (Et il est hors de question d’installer une clim)

Stade de la préparation

Novembre 2019, un premier pas est fait dans ce sens : on se renseigne ! Où fait-il bon vivre autour de Lyon et où notre santé sera la plus préservée possible. Formée en santé environnementale à l’IFSEN c’est devenu un critère prioritaire ! Clin d’œil à toutes et tous mes collègues de formation.

On recherchait entre autre, une zone peu polluée de particules fines ou de pesticides et moins affectée par les sécheresses. Exit les champs de maïs, les vignes, la plaine.

Quand l’intention est posée, la vie est souvent bien faite et les étoiles s’alignent. Mon conjoint tombe sur une offre d’emploi dans l’une des régions identifiées ! Spontanément on a sauté de joie ! Il suit le process de recrutement et en parallèle on passe plusieurs weekend prolongée dans cette région encore inconnue pour se familiariser.

Stade de l’action

Vient le moment de prendre une décision. On fait le classique pour et contre sur le papier. Et comme dit plus haut, la liste des contres étaient plus longues… La décision est difficile. On regarde des moyens de s’accommoder en partant en banlieue lyonnaise, mais si c’est pour faire 1h30 de bouchon, à quoi bon…

Nous avons alors travaillé à identifier et consolider les bénéfices de ce changement et aux émotions que cela nous a procuré jusqu’à maintenant. On s’est fié à nos réactions spontanées, l’élan du cœur.

 La décision est prise. Nous partons malgré toute l’énergie que cela va nous demander et l’inconnu qui se présente à nous. On sait pourquoi on le fait et on se rattachera à notre pourquoi, toujours.

Stade de la consolidation

On s’était donné 1 an pour expérimenter et valider que l’on avait fait le bon choix.

Nous trouvons une location temporaire de 2 mois puis une autre de 1 an, nous faisant enchainer les déménagements (et le tri par la même occasion).

Autant vous dire qu’au bout de 6 mois le choix a été vite fait.

« Qu’est qu’on est bien mais qu’est ce qu’on est bien !!» fut notre crédo journalier.

Nous venons de vivre bientôt 1 an dans une merveilleuse maison écologique octogonale faite de bois, de paille et d’enduit naturel. Eau chauffée au soleil et toilette sèche. Une chance inouïe d’expérimenter un lieu de vie en pleine adéquation avec nos valeurs, le tout entouré à 360° de nature abondante.

Nous ancrons petit à petit nos racines dans ce nouveau territoire, à tisser des liens localement, s’investir (dans une faible mesure pour le moment) dans des actions sociales et écologiques avec notamment l’association ville en transition de Montbrison Forez. S’ils me lisent, je les remercie encore beaucoup pour leur accueil et ce qu’ils arrivent à créer en chaleur humaine et actions sur le territoire.

Cette phase d’un an fut l’étape de la consolidation qui se transforme en nouvelle habitude de vie !

Nous sommes la preuve que c’est possible de passer de la ville à la campagne 100% du temps. Choisir d’en faire sa résidence principale,  c’est donner aussi une chance à la revitalisation de nos bourgs et nos campagnes (à contrario de la recrudescence des résidences secondaires). Nous sommes ravis d’y participer.

Nous sommes des néoruraux épanouis !

Et vous plutôt urbain ou rural ?

Partagez en commentaire votre expérience ou ce que notre parcours de vie vous inspire 😉

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Découvre le guide "Pourquoi les gens ne changent pas alors qu’ils savent ?»

et les 6 étapes du changement écologique

Anaïs LESIOURD

Anaïs LESIOURD

Je m’appelle Anaïs, et j’accompagne les professionnels de la Transition (écologie et santé environnementale) à augmenter leur impact en intégrant les savoir-faire et savoir-être de l’accompagnement au changement dans leurs pratiques. #sciencepsychosociale #posture

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2 réponses

  1. Quel bonheur ! On vous sent épanouis, là où vous devez être ! Je vous souhaite le meilleur et que votre bout de chou continue lui aussi de profiter du cadre de vie que vous lui offrez !

  2. Un resplendissement de bonheur ! Bravo pour votre courage, votre ténacité et votre faculté d’adaptation ! Que cette félicité perdure…

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